Message du congrès des abbés de 2024 à nos communautés bénédictines
Le congrès des abbés de 2024 a appelé les communautés bénédictines à devenir des artisans de paix actifs, en commençant au sein de leurs propres monastères. Inspiré par le message de réconciliation de saint Benoît et par l'appel du pape François, le congrès a exhorté à un engagement renouvelé envers la prière, l'hospitalité et l'unité pendant la prochaine Année Sainte.
7 novembre 2024
Recherchez la paix et poursuivez-la
RB prol, ps 34,14
Chers frères et soeurs,
Le congrès des abbés de cette année n'avait pas de thème officiel, mais les questions de la guerre et de la paix étaient omniprésentes. Nous avons entendu des témoignages de communautés affligées dans des pays déchirés par la guerre, d'Ukraine, de Terre Sainte et du Burkina Faso. Lors de notre rencontre avec le pape François, il a répété à plusieurs reprises que « la guerre est une défaite ». Lors de notre pèlerinage à Montecassino, la destruction gratuite de ce lieu il y a 80 ans a résonné, de même que la lettre apostolique de Paul VI de 1964 sur saint Benoît intitulée « Pacis Nuntius » – le Messager de la Paix.
Lorsque nous avons eu une audience avec le pape François, qui s'y connaît en matière de vie religieuse, il nous a dit, à nous Bénédictins : « la paix est votre affaire ». Et il a ajouté : « Mais commencez à l'intérieur des monastères ! »
Commencer à l'intérieur des monastères
La prochaine Année Sainte est une chance de nous concentrer sur notre propre paix : considérons nos maisons comme des lieux où la paix peut croître. Nous voulons inviter nos communautés à faire face aux tensions internes, à affronter les conflits et les anciens blocages, et à s'engager dans des rituels de pardon et de réconciliation.
L'un des messages de saint Benoît est la réconciliation et la vie commune au-delà des lignes de division. La tradition bénédictine met l'accent sur l'égalité des moines tout en respectant leur diversité. C'est un puissant outil de paix.
Rayonner vers l'extérieur
Pouvons-nous transmettre cette diversité dans la vie commune comme un message de paix pendant l'Année Sainte ?
Notre présence bénédictine mondiale et notre souci de la paix peuvent se conjuguer en cette Année Sainte avec une « prière bénédictine pour la paix dans le monde ». Nous espérons que les monastères pourront se relayer afin que chaque communauté fasse partie de cette chaîne de prière bénédictine, par exemple par des intercessions hebdomadaires ou des moments de prière à un jour et une heure indiqués.
Pendant le congrès, des représentants du Saint-Siège nous ont invités à redécouvrir notre ancien rôle de bâtisseurs de ponts œcuméniques, 100 ans après que le pape Pie XI nous a confié cette tâche pour la première fois. Les partenariats entre les monastères orthodoxes et nos communautés bénédictines peuvent devenir un pont à travers le fossé qui s'est ouvert entre l'Est et l'Ouest ces derniers temps.
Le silence, qui est l'attitude naturelle d'un moine, peut être un espace de rencontre avec des frères et sœurs d'autres confessions et religions. Il existe des lieux – également numériques – où le « silence pour la paix » est pratiqué par les chrétiens dans un esprit de dialogue œcuménique et interreligieux.
Une autre caractéristique de l'ordre bénédictin est l'hospitalité. Lorsque nous permettons aux autres de partager notre prière, notre silence et notre rythme quotidien, nous les aidons à trouver la paix.
Saint Benoît veut que ses disciples « recherchent la paix et la poursuivent ». C'est un encouragement à « sortir de notre propre zone de confort ». Lorsque nous relevons des défis ou nous lançons dans de nouveaux projets, nous entamons une voie de transformation qui peut nous conduire au renouveau spirituel.
Lorsque les guerres en Ukraine et en Terre Sainte ont commencé, de nombreux monastères bénédictins se sont ouverts et ont accueilli des réfugiés. Nous sommes très reconnaissants de cette solidarité. La gratitude est une pierre angulaire de la consolidation de la paix : la gratitude envers Dieu et envers nos frères et sœurs pour chaque don reçu et donné. Une gratitude profonde a un pouvoir de guérison et renforce le processus de réconciliation et de paix. Nous encourageons nos communautés à établir des rituels pour exprimer leur gratitude sur le chemin de la paix.
Nous espérons que ce humble message de paix sera reçu comme une invitation à tous nos frères et sœurs monastiques à s'impliquer activement dans la consolidation de la paix. Soyons créatifs et trouvons des moyens de construire la paix dans nos communautés et pour notre monde. Et partageons au sein de notre Confédération la manière dont nous y parvenons : nous voulons être une famille mondiale véritablement bâtisseuse de paix.
Abbé primat Jeremias Schröder OSB
et plus de 200 participants au congrès des abbés de 2024

