La décoration murale de l'abbaye de Keur Moussa, fondée en 1961 par des moines de Solesmes, est l'œuvre de Dom Georges Saget OSB (1915–1993). Avant d'entrer dans la vie monastique, il s'était formé comme ingénieur chimiste, mais sa véritable vocation émergea dans le service de Dieu et de l'Église par l'art. Envoyé au Sénégal au début de la fondation, il se consacra à l'embellissement de la nouvelle église abbatiale avant de rejoindre plus tard l'abbaye de Clervaux au Luxembourg, où il servit comme cellérier pendant 25 ans jusqu'à sa mort.

Les fresques de Saget à Keur Moussa sont plus qu'une décoration. Comme l'a expliqué Frère Thomas Pikandieu Gomis OSB dans son commentaire sur les fresques, elles constituent une confession de foi en images. Utilisant des motifs géométriques puisés dans les langages visuels africains — cercles, losanges, triangles et motifs rythmiques — il créa un rythme visuel qui parle à la fois à l'histoire biblique et à la mémoire culturelle de l'Afrique de l'Ouest. L'effet est à la fois monastique et local : une invitation à la prière façonnée par la résonance de symboles africains transfigurés en signification chrétienne.

La Vierge Marie apparaît dans toutes les fresques, reflétant la dédicace de l'abbaye au Cœur Immaculé. Elle est représentée comme celle qui reçut la première le mystère du Christ, ses vêtements enrichis de motifs circulaires qui signifient l'éternité et l'alliance. Cette présence visuelle souligne son rôle de guide et d'intercesseur, accompagnant les fidèles vers le mystère célébré dans la liturgie.

Aujourd'hui, l'abbaye de Keur Moussa est connue dans le monde entier non seulement pour ses fresques mais aussi pour son chant liturgique, qui marie les modes grégoriens au son de la kora africaine. Les visiteurs rencontrent une communauté de moines profondément enracinée dans la Règle de saint Benoît et la culture locale. Ainsi, l'art de Dom Georges Saget continue de parler : il fait partie d'un témoignage plus large où la vie monastique, la prière et la créativité convergent dans une expression bénédictine africaine unique.